Chaconne

La Chaconne, objet de fascination absolue pour les violonistes mais aussi pour les compositeurs et finalement pour tout musicien, représentait un défi assez déraisonnable mais aussi un beau cadeau à offrir aux amis hautboïstes dans cette période de solitude et de pandémie. On sait l’amour de Bach pour le hautbois, si présent dans les cantates, les oratorios et passions. Le contraste saisissant entre cette gigantesque stèle en mineur, composée par Bach sous le coup du décès de sa première épouse Maria Barbara, et la fantasque Chaconne miniature en majeur de la cinquième fantaisie de Telemann a achevé de me convaincre. Fort de l’expérience du re-recording acquise lors du précédent volume, j’ai pensé à répartir la partie de violon entre deux voix de hautbois et une voix de cor anglais. Cela me permettait d’imaginer tout au long de la pièce une trajectoire plus libre de la monodie à la polyphonie en ajoutant nombre de nouvelles lignes musicales. Le plus grand défi technique de la partition a sans doute été la réécriture des deux grands bariolages si idiomatiques pour le violon. Le magnifique travail de la musicologue Helga Thoene Ciaccona, Tanz oder tombeau ?, éclairant la multitude de chorals cités par Bach tout au long de la pièce a grandement influencé mon arrangement.