Vénus de Lespugue
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Vénus de Lespugue s’inspire d’une statuette éponyme de 15 centimètres en os de mammouth, trouvée en 1922 dans une grotte en Haute-Garonne et âgée de 29.000 ans. C’est l’un des objets les plus fascinants de la Préhistoire, emblème du
Musée de l’Homme où elle est exposée.
À l’évidence de sa beauté se superpose l’ambiguïté de sa figure multiple, la pluralité des angles de vue offrant plusieurs interprétations : une seule femme ou deux, l’une accouchant de l’autre, ou encore figurine féminine et attribut phallique, pour évoquer la complétude de la fertilité. Quelle qu’en soit la lecture,il semblerait qu’une fonction rituelle lui soit associée, qui célèbre la vie dans son recommencement et dans sa continuité.
J’ai voulu être aussi près de l’objet de mon inspiration que possible – afin de m’envoler aussi loin qu’elle nous porte.
J’ai oscillé entre la quête métaphysique et l’émerveillement esthétique, la transposition en musique des proportions de la sculpture et le naturalisme très direct.
Ainsi, l’oeuvre commence par un mouvement qui rappelle l’histoire de sa découverte.
Les frottements bruités de l’archet en diagonale évoquent les frottements au sol lors des fouilles, et le son percussif produit en même temps par la main gauche rappelle les coups de pioche qui découvrent cette Vénus tout en la défigurant
(au nombre de neuf, ils font référence aux neuf morceaux disloqués de la statuette lors de la découverte).
Pour tenter un déchiffrement poétique, je me suis approprié l’idiome de l’alto, voulant faire une oeuvre-monde qui décline l’instrument sous tous ses avatars, mais guidé par ce qui m’apparaît comme son essence même – le chant intérieur.
Ce chant se compose de sons purs ou de bruits complexes, de fragments de mélodie ou de rythmes stridents. Obnubilé par la figure du cercle qui commande toutes les proportions structurantes de l’objet, j’utilise les cordes de l’instrument ou bien le bois – notamment dans des bariolages qui incorporent non seulement les cordes, mais aussi les éclisses, comme pour évoquer les attributs féminins hypertrophiés de cette Vénus qui sont en partie manquants.
Un jeu des sons harmoniques détimbrés est un écho possible à des flûtes primitives que l’on faisait résonner à son époque – ils nous sortent de cet artifice limitatif qu’est le tempérament égal.
Un chant archaïque qui est en même temps une danse structure la deuxième partie de l’oeuvre et demande à l’altiste une agilité particulière, par l’effet accumulatif de la multiplication des voix – hommage à la pluralité des lectures, avant que les éléments déjà entendus ne reviennent, sous forme plus concentrée et elliptique.
Ma Vénus de Lespugue est avant tout un hommage à l’extraordinaire longévité de l’objet et la permanence de sa beauté à travers les siècles. Permutant les fonctions du temps et de l’espace, j’ai voulu verticaliser cette durée vertigineuse et
répondre en écho au silence des millénaires, car si Vénus de Lespugue a été contemporaine de tous les événements de l’histoire que nous connaissons, elle a vécu au double les périodes dont nous ignorons tout.
La pièce est dédiée à Karine Lethiec, qui ne l’a pas seulement commandée et offerte en création, mais qui a tout fait pour entretenir mon intérêt et mon inspiration, par une disponibilité sans faille et un enthousiasme compétent qui m’ont permis de porter l’oeuvre à un grand degré de précision dans l’écriture. Achevée le jour de son anniversaire et en lien avec cet élan de vie célébré par l’artisan de Vénus de Lespugue, l’oeuvre est également dédiée à mon fils Darius.
Information additionnelle
Poids | 0,510 kg |
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Dimensions | 24 × 32 × 1 cm |
Support | PDF, Papier |