Io seguo con disio

Pour écrire cette pièce, je me suis inspiré d’un sonnet de Lorenzo di Piero de’ Medici. J’ai découvert ce protecteur des arts, poète à ses heures en me renseignant sur la vie d’Igor Markevitch, qui est inhumé à Saint-Cézaire, lieu de la création de la pièce. Il a lui-même travaillé, en tant que compositeur autour des Canzoniere du poète. Cette œuvre d’un seul tenant est une méditation active et physiquement engagée suggérée par le poème. Ce dernier regorge de paradoxes et nous renvoie aux nôtres ; étonnante prose d’un noble très puissant, à l’abri des besoins, qui livre sa fragilité, se met à nu. J’ai conçu l’œuvre pour pouvoir être interprétée par un quatuor à cordes ou un ensemble de cordes, à quatre parties. Par les jeux de gammes et de modes variés de manière délicate, j’ai voulu retranscrire cet insondable paradoxe, dans un format ouvert « d’air de cantate ». Et il me semblait évident de donner la parole à une femme pour chanter les mots de cet homme et compléter les timbres et les chants. Je fus enfin sensible à cette idée de « mer agitée » sur laquelle on conduit son navire. Cette musique, à sa manière est aussi, personnellement, une mise à nu, sans fard.
Benoît Menut