Description
Janáček en France de J. Colomb
Le tribunal de l’Histoire peut-il se tromper provisoirement ? Si,
dix ans après sa disparition, contrairement à l’Allemagne, on ne
reconnut dans notre pays à Janáček ni ses mérites, ni son apport,
devait-on l’ignorer définitivement ? Le temps a fait son oeuvre,
– pensait-on – il a effectué le tri entre les génies et les faiseurs.
Romain Rolland, cependant, dans un courrier privé écrivait
dès 1924 : « Janáček est un grand musicien dramatique […] Je
ne vois personne à lui comparer dans ce domaine, en Europe
actuelle ». Opinion que reprit Jean Mistler en 1954 : « Janacek est
un des plus grands musiciens modernes et sa Jenufa […] est un
des drames lyriques les plus puissants qui aient paru depuis un
siècle ». Pourquoi avoir attendu si longtemps pour reconnaître cette
évidence ressentie par seulement quelques musicologues ?
Pourtant, sans appui efficace et prononcé d’écrivains, d’artistes
et d’autres personnalités influentes dans notre pays, après avoir
parcouru peu à peu un chemin dans le coeur des mélomanes, ce qu’on prenait pour bizarrerie ou
exotisme ou encore naïveté se révéla une musique moderne exigeante, originale et forte et d’une
beauté sidérante dès qu’on voulut bien l’entendre.
Ce livre essaie de comprendre pourquoi, en France, on a ignoré si longtemps la musique de
Janáček en tentant d’analyser les forces qui l’ont