La Orilla del mar

C’est de la chaise de hautbois solo de l’Orchestre Victor Hugo, qu’est née l’idée de donner à mon orchestre une pièce pour la voix d’Isabelle Druet sur un texte de Victor Hugo.
Ecrit en octobre 1842, extrait des Choses vues, ce magnifique texte en prose décrit l’arrivée sur le port d’Alger depuis la mer de ce qui se révèle être la première guillotine. Traduisant une nouvelle fois l’engagement du poète contre la peine de mort, il est aussi singulier dans la mesure où Victor Hugo y décrit avec inspiration un paysage dans lequel on sait qu’il n’a jamais voyagé.
Le titre de la pièce s’est imposé comme une réminiscence du castillan omniprésent dans ma famille paternelle quand il s’agissait de cacher quelque chose aux enfants. La lumière du sud, le rivage de la méditerranée sont restés pour ces émigrés espagnols en Algérie, ces pieds-noirs contraints à un exil brutal vers le Nord et la métropole en 1962, les attributs du paradis perdu.
Ma musique y fleurte parfois avec le mélodrame, donnant à la soliste quelques phrases parlées au coeur de sa mélodie. Elle cherche en tout cas à rendre hommage à mon grand-père récemment disparu qui ne sut jamais très bien vraiment, à l’image de Victor Hugo, comment se situer dans l’aventure du colonialisme français. J’ai cherché à rendre le contraste entre la beauté d’Alger la blanche et l’arrivée des pièces de la guillotine, qui sont autant de tâches rouges dans ce sublime et tragique paysage.
Fabrice Ferez